Vous connaissez tous notre amour indéfectible pour DJ Sprinkles aka Terre Thaemlitz, artiste protéiforme d'origine New-Yorkaise et émigré au Japon depuis une dizaine d'années, capable de rédiger des essais aussi bien sur Deleuze que de nous parler de Gary Numan, la scène queer du downtown 80's et de ce son si particulier qui le caractérise, c'est à dire non compressé, des kicks presque "absents", une musique qui flirte avec le downtempo (il le dit lui même certaines personnes se sont endormis (!) durant ses magnifiques sets abstraits). Mais attention, bien entendu ceci représente l'arbre qui cache la forêt, sous cette apparente délicatesse, se cache une violence sourde, muette, impénétrable capable de foudroyer le coeur humain en l'espace de quelques patterns. Le morceau que nous avons choisi illustre avec éloquence cette confrontation. Il fera parti intégrante d'un projet d'album assez radical qui devrait voir le jour fin janvier 2011 sur le label SKYLAX, le bien nommé "Routes Not Roots", soit des routes sans racines.
On imagine aisément les difficultés que ce dernier a pu connaître dans son pays de naissance, expliquant ainsi son exil au Japon. Se définissant lui même comme non gay, non straight mais comme androgyne, qui est d'après lui l'état le plus parfait car dénué de choix et de conventions- la liberté à l'état pur. C'est ce que l'on ressent à l'égard de ces "chansons" qui délaissent les codes musicaux les plus basiques de la House pour nous emmener vers un nouvel ailleurs, un monde où chaque individu a la possibilité de se re-centrer et de parvenir à la connaissance de soi ultime. A bien des égards, il nous rappelle alors assez paradoxalement les fondamentaux de la techno, quand la milice Underground Resistance imaginait un nouveau monde pour la population noire, loin de l'oppression & de l'aliénation, la "Final Frontier".
Routes Not Roots sera probablement l'oeuvre musicale la plus profonde et personnelle de l'année 2011. Une révolution dans l'univers sclérosé de la House music. Personne n'a jamais su autant mêlé l'histoire de sa vie avec l'art qu'il a contribué dans le même temps à faire connaitre. Une symbiose parfaite. Silence aime le fait que Terre ne mystifie aucune époque, il parle sans ambages en définissant la House comme une musique de solitaire et de paria, qui n'a jamais libéré les corps et les esprits hormis au niveau individuel. Ce qui est le cas finalement de chaque musique. Il se moque allègrement du peace, unity & love; sec & tranchant, il représente la quintessence de ce que doit être un artiste : sans concession, il voit la vérité en face sans fards, ni oeillères : "facing the truth".
Pour Hardrock Striker initiateur du projet, il déclare: "Enfant j'étais fasciné par les stars du rock tels David Bowie ou le Velvet Underground de Andy Warhol, j'ai longtemps cherché une suite à cette histoire sans jamais la trouver. En Terre, personnage warholien par excellence, je viens de trouver le chaînon manquant, le rock aujourd'hui, c'est ça."
Dont acte. En attendant impatiemment la suite (House Explosion II & III) et l'album à venir, délecter vous de ces sons venus d'une autre planète. Une légende ainée.
Yael B. & Hardrock Striker.
Ici, vous pouvez retrouver les videos représentant l'album, réalisées par le magistral collectif The29Nov Films.
En voici une d'entre elles:
... abscence silence musique présence vibration communication art solitude House mixage partage tempo mouvement harmonie spiritual(ité) love ... chut ...
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